L’opération permettra notamment d’exporter des céréales ukrainiennes, dont certaines ont commencé à pourrir. Peu avant la guerre, l’Ukraine était en passe de devenir le troisième plus grand exportateur de blé au monde, fournissant la moitié du commerce mondial de graines et d’huile de tournesol. Mais l’invasion russe, qui a débuté le 24 février, a paralysé les ports ukrainiens et bloqué environ 20 à 25 millions de tonnes de céréales destinées à l’exportation, entraînant le début d’une crise alimentaire dans de nombreux pays fortement dépendants de ces aliments. La hausse des prix des céréales due au blocage des exportations, qui fait peser un risque de crise alimentaire dans le monde, est causée par “l’agression russe” en Ukraine et non par les sanctions contre Moscou, a assuré le chef de la diplomatie ukrainienne #AFP pic.twitter.com/ — Agence France-Presse (@afpfr) 8 juin 2022

1Pourquoi le port d’Odessa est-il si stratégique ?

Depuis le premier bombardement de la ville le 21 mars, des millions de tonnes de céréales destinées à l’exportation ont été saisies dans le port d’Odessa, assiégé par l’armée russe. La grande ville du sud de l’Ukraine représente un intérêt stratégique pour la Russie qui, depuis le début du conflit, tente de paralyser le pays en bloquant ses places financières. Surnommée la “Perle de la mer Noire”, Odessa (995 000 habitants avant la guerre) possède le plus grand port du pays et l’un des plus grands de la mer Noire. Sa capacité de circulation annuelle atteint 40 millions de tonnes. Odessa voit transiter 80% des exportations de céréales ukrainiennes. Le port est relié aux chemins de fer, ce qui permet un transport rapide des marchandises de la mer vers la terre. La ville est également un emplacement stratégique sur la côte ukrainienne, non loin de la Transnistrie, une région séparatiste pro-russe recherchée par les forces russes.

2 Quelle est la situation là-bas?

Depuis le début du conflit, Odessa a été frappée à plusieurs reprises par les coups russes. La dernière grande, datant du 9 mai, a fait un mort et cinq blessés. L’économie de la ville (commerce, tourisme, etc.) a été durement touchée par le conflit. La ville n’a jamais été capturée par les forces russes, mais l’accès maritime au port d’Odessa n’est pas sûr du tout. La flotte russe contrôle la mer Noire. Pour éviter les attaques depuis la mer, les Ukrainiens ont miné l’accès au port. Mercredi, un porte-parole de l’administration de la région d’Odessa, Serguiï Bratchouk, s’est dit opposé au déminage. “La flotte russe de la mer Noire fera semblant de se retirer dans la Crimée annexée. Mais une fois que nous aurons dégagé l’accès au port d’Odessa, la flotte russe sera là.” Sergei Bratsuk, représentant de l’administration de la région d’Odessa dans le Télégramme

3 Est-il vraiment possible de déverrouiller la porte ?

En surface, la Russie semble ouverte à la discussion. Vladimir Poutine aurait donné son “consentement” à une telle opération lors d’un entretien avec Emanuel Macron le 28 mai, a rappelé l’Elysée. Mercredi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a également rencontré son homologue turc Mevlüt Çavuşo .lu pour discuter de la création de voies maritimes et ainsi faciliter les exportations de céréales via la mer Noire. Cependant, les négociations ont échoué. En fait, une telle opération de déblocage du port d’Odessa ne pourra avoir lieu tant que la Russie n’aura pas mis fin au blocus de la ville. “C’est un scénario difficile à imaginer tant ce blocus, qui prive complètement Odessa de son accès maritime, fait partie intégrante de leur stratégie”, estime Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l’Institut Thomas More de géopolitique et de défense. . “La Russie cherche à utiliser cette opération comme un levier pour lever les sanctions occidentales”, a-t-il déclaré dans un entretien à franceinfo. Selon lui, la Russie ne partira que si l’Occident accepte de revenir sur les sanctions imposées à Moscou. Une perspective extrêmement improbable à ce jour.