C’est par un simple e-mail interne que Twitter a annoncé, jeudi 3 novembre, les licenciements imminents au sein de l’entreprise, une crainte partagée par les salariés après le récent rachat du réseau social par le milliardaire Elon Musk.
“Nous entamerons vendredi le difficile processus de réduction de nos effectifs mondiaux”, ont prévenu les travailleurs dans ce message consulté par l’AFP.
L’e-mail ajoute que tous les employés recevront des informations d’ici vendredi matin lors de l’ouverture des bureaux californiens, mais ne précise pas combien de personnes seront concernées. Selon le Washington Post, le nouveau chef prévoit de licencier environ 50 % des quelque 7 500 travailleurs.
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“Nous reconnaissons que certaines personnes qui ont apporté des contributions notables à Twitter seront affectées, mais cette action est malheureusement nécessaire pour assurer le succès futur de l’entreprise”, a déclaré l’entreprise aux employés.
“Si vous n’êtes pas concerné, vous recevrez une notification sur votre adresse e-mail Twitter. Si vous êtes concerné, vous recevrez une notification avec les prochaines étapes dans votre e-mail personnel”, indique le message envoyé jeudi, rappelant à chacun de vérifier sa boîte de réception “y compris vos spams”.
“Faux et honte”
Le patron de Tesla et SpaceX a racheté Twitter pour 44 milliards de dollars et en a pris le contrôle jeudi dernier, après six mois d’un rachat très aventureux. Il a immédiatement dissous le conseil d’administration, licencié le PDG et d’autres cadres supérieurs et lancé de grands projets avec des objectifs qui devaient être atteints rapidement. Plusieurs ingénieurs ont déclaré avoir dû dormir sur le chantier de construction certaines nuits.
Elon Musk, qui s’est d’abord rebaptisé “Chief Twit” (“twit” signifie “crétin” en anglais), puis “Twitter hotline operator”, a fait venir vendredi des développeurs de Tesla pour passer en revue le travail des employés de Twitter.
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De nombreux ingénieurs ont dû imprimer les dernières lignes de code qu’ils ont produites, selon un employé qui a parlé sous couvert d’anonymat. Des listes ont également été créées qui comparent les informaticiens entre eux, principalement en fonction du volume de production, selon un autre employé.
« Le processus de licenciement en cours est une farce et une honte. Les partisans de Tesla prennent des décisions pour des personnes dont ils ne connaissent rien, sauf le nombre de lignes de code produites. C’est complètement absurde », a tweeté dimanche Taylor Leese, le directeur d’un groupe d’ingénierie qui a déclaré avoir été licencié.
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Changement culturel
Jeudi, de plus en plus d’employés du réseau tweetaient leur frustration ou faisaient des blagues. “Les licenciements massifs n’ont pas encore eu lieu, mais tout le monde sur Twitter a déjà perdu son emploi. Le travail décrit dans leur contrat, le travail qu’ils ont adoré, le travail avec tous les collègues qu’ils ont appris à connaître et à apprécier », a déclaré Eli Schutze, un spécialiste de l’informatique Twitter basé à Londres, selon son profil. “C’est le début d’une ardoise vierge de quelque côté que vous tombiez”, a-t-il ajouté.
Cette décision confirme le changement de culture d’entreprise largement attendu pour la société californienne sous la direction d’Elon Musk. Plusieurs cadres ont démissionné de leur propre chef cette semaine, et plus de 700 personnes sont déjà parties volontairement cet été, selon un salarié.
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L’entrepreneur capricieux épouse en effet une vision de la liberté d’expression qui appelle à un assouplissement des règles de modération des contenus de la plateforme, en contradiction avec la démarche de nombreux travailleurs, utilisateurs et ONG.
Certains salariés s’inquiétaient aussi à l’idée de ne plus pouvoir travailler à domicile – Elon Musk désapprouve le télétravail – ou de devoir suivre des cadences infernales comme chez Tesla.
Le leader a également annoncé le lancement prochain d’un abonnement mensuel à huit dollars pour les utilisateurs qui souhaitent vérifier leur compte. Une décision qui a provoqué le tollé de nombreux abonnés inquiets.
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Le monde avec l’AFP