• Lire aussi : Front ou prison : en Russie, les manifestants arrêtés doivent choisir • Lire aussi : Zelensky appelle les Russes à “protester” contre la mobilisation • À lire aussi : Guerre en Ukraine : Sanctions de Moscou François Legault Ces scrutins sont qualifiés de “simulacres” par Kyiv et l’Occident et marquent une escalade majeure du conflit qui a débuté le 24 février. Dans le même temps, la mobilisation de centaines de milliers de réservistes russes se poursuit en Russie, le Kremlin cherchant à se rallier aux avancées de l’armée ukrainienne, forte en livraisons d’armes occidentales. Du côté de l’ONU, une commission d’enquête a reconnu que “des crimes de guerre ont été commis en Ukraine”, évoquant notamment des bombardements russes de zones civiles, des exécutions, des actes de torture, des mauvais traitements et des violences sexuelles. L’Ukraine a également déclaré avoir exhumé 436 corps d’une fosse commune à Izium, une ville du nord-est reprise par la Russie, dont 30 avec des “marques de torture” telles que des mains liées, des membres cassés ou des “organes génitaux mutilés”. Les critiques internationales n’ont pas empêché Moscou de poursuivre ses projets de référendums en Ukraine. Le vote, qui a commencé à 05h00 GMT, se terminera le 27 septembre dans les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk (est) et dans les régions sous contrôle russe de Kherson et Zaporijia (sud). La Chine critique Des centaines de bureaux de vote doivent être ouverts dans les quatre régions et d’autres en Russie pour permettre aux déplacés de voter. “Nous espérons qu’après le référendum, ils arrêteront de nous bombarder, que nous aurons la paix et l’ordre”, a déclaré à l’AFP à Moscou Vladimir Chutov, de la région de Lougansk venu voter dans la délégation de Donetsk. À Moscou, Saint-Pétersbourg et dans d’autres villes, les autorités ont organisé des manifestations pro-référendum avec de nombreux drapeaux et slogans. “Ces référendums sont un pas vers cette paix”, a déclaré Viktor Souvorov, 40 ans, participant au rassemblement à Moscou, à deux pas de la Place Rouge. En Ukraine, à Chevchenkové, l’officiel ukrainien Andriï Kanachevitch s’est plaint auprès de l’AFP des élections “illégales”. “Pour être honnête, ça craint”, a-t-il déclaré. Sans aller jusqu’à dénoncer les sondages, la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, y est pourtant allée de ses critiques, appelant au respect de l’intégrité territoriale. Signe de cette démarche, une rencontre surprise s’est tenue vendredi à New York entre le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue ukrainien Dmytro Kouleba. Bénéfices ukrainiens Sur le terrain, l’Ukraine a revendiqué vendredi la prise de Latskivka dans la région de Donetsk (est). Il indique également qu’il a avancé au sud de Bakhmut, une ville orientale que l’armée russe tente de capturer depuis des mois sans succès. A Odessa, grand port de la mer Noire, une frappe russe sur un drone iranien a tué une personne, selon les autorités régionales. Un attentat qui a poussé le porte-parole du président Volodymyr Zelensky à condamner Téhéran, dont les livraisons d’armes à Moscou « vont à l’encontre de l’intégrité territoriale » de l’Ukraine. Du côté des séparatistes, le chef de Donetsk Denis Pouchiline a évoqué une situation “extrêmement difficile” au nord de sa ville. Dans la région de Lougansk, un autre responsable séparatiste, Andriy Marochko, a rendu compte des bombardements ukrainiens, notant que les forces de Kiev “veulent tout faire pour faire dérailler le référendum”. La convocation précipitée de ces élections s’est accompagnée mercredi de M. Poutine ordonnant la mobilisation immédiate d’au moins 300 000 réservistes. Il a également menacé d’utiliser des armes nucléaires. Alors que la télévision ne diffusait quasiment aucune image de la mobilisation, de nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux montraient des hommes au visage couvert montant dans des bus après avoir embrassé leurs proches, certains en larmes. Constantin, 29 ans, contacté par l’AFP, dit avoir reçu l’appel au domicile de ses parents. “Je suis encore sous le choc”, dit-il. “Je ne vais pas me cacher, mais je ne saute pas de joie non plus.” D’autres ont été convoqués après avoir été arrêtés mercredi lors de manifestations anti-mobilisation. « J’attendais les (procédures) habituelles : l’arrestation, le commissariat, le tribunal. Mais s’entendre dire : +Demain tu iras à la guerre+, (…) c’était une surprise”, a déclaré à l’AFP Mikhail Souetin, 29 ans, qui a refusé de signer le document. L’annonce de la mobilisation a également convaincu de nombreux Russes de quitter le pays, sans pouvoir quantifier l’ampleur du phénomène. La Finlande a ainsi décidé de prendre des mesures pour limiter « significativement » l’entrée des citoyens russes sur son territoire, alors que les pays baltes et la Pologne bloquent déjà sévèrement l’entrée depuis des semaines.