L’affaire débute le 15 mars 2020, lors du premier tour des élections municipales. Ali Rasfi est candidat sur une liste de gauche et évaluateur dans un bureau de vote de Saint-Etienne, dans la région de Solaure. L’enseignant reçoit plusieurs SMS de Mohamed Ghoulam, chargé de mission à la mairie – et aussi du frère de Faouzi Ghoulam, footballeur de Saint-Etienne puis de Naples. Le premier message se lit comme suit : “Vous avez été filmé en train d’influencer les électeurs, sachez que nous utiliserons la vidéo.” Échanges de SMS entre Ali Rasfi et Mohamed Ghoulam. (Yiannick Falt / Franceinfo) Ali Rashfi ne nie pas avoir discuté avec les électeurs le jour de l’élection, mais il se justifie : « Le quartier où j’étais évaluateur est le quartier de mon enfance, donc bien sûr j’ai rencontré de vieilles connaissances, dans une ambiance conviviale, j’ai eu des nouvelles de les uns les autres, mais j’ai respecté le contexte qui me lie en tant qu’évaluateur!Je n’ai pas compris. Il soupçonne que des gens l’ont filmé dans son bureau de vote. “Mais ce n’est plus de la politique, on entre dans un autre monde !” Il est contrarié. Trois textos plus tard, il reçoit un nouveau message : “Avant d’agir ainsi, dis-toi qu’il y a des téléphones portables partout qui filment tout et tout le monde…” L’épisode a été oublié pendant des mois après Ali Rashfi. Mais l’affaire révélée par Mediapart a depuis rafraîchi la mémoire de l’ancien conseiller de l’opposition : “Ça met à nu un système qui est en place depuis longtemps. Nous, les élus de l’opposition, sommes soumis à une surveillance particulière où vous pouvez ‘Faire un bouger, un geste, sans cette peur que ça devienne un film permanent”.