En France, 20% des habitants des métropoles, soit 12 millions de personnes, ont bu l’an dernier une eau “du robinet” non conforme. Soit de moindre qualité qu’ailleurs sur le territoire car contaminé par des pesticides ou des résidus de pesticides. C’était moins de 6 % en 2020, ont révélé nos confrères du Monde dans leur édition du 21 septembre et de France 2, dans l’émission Complément d’Enquête diffusée jeudi soir. En région Occitanie, 5,11% de la population sera concernée par une eau “non conforme aux pesticides et à leurs métabolites recherchés”, soit environ 300.000 personnes. Un chiffre livré par le Service régional de santé (ARS) demandé par L’Indépendant ce vendredi. L’ARS a ajouté que la contamination concerne “72 réseaux de distribution sur 3.800 réseaux alimentés par 4.700 captages”.

300 000 intervenants dans tous les départements

Les treize départements du périmètre élargi sont soumis à ces phénomènes de contamination, qu’ils soient réguliers ou épisodiques. “Oui, le phénomène s’observe dans tous les départements mais avec des différences, l’ARS veut identifier. Il y a des variations selon les départements et cela dépend aussi de la qualité ou de l’historique des réseaux de distribution d’eau potable.” Nos confrères du Midi Libre mettent en avant des exemples de communes touchées dans le Gard, à Meynes, où la présence d’un herbicide utilisé en viticulture a été détectée dans l’eau. et à Lauroux, au nord de l’Hérault, où des restes d’un dérivé d’hydrocarbure ont été détectés en juin et juillet. Dans le département de l’Aude, deux agglomérations seront concernées par des seuils trop élevés (voir aussi l’encadré ci-dessous). Les zones rurales et montagneuses seraient les plus touchées par le phénomène.

Pesticides auxiliaires de contamination

L’origine de ces contaminations est absolument connue, ce sont les pesticides et précisément les métabolites des pesticides, nouvelles molécules issues de la dégradation des pesticides eux-mêmes. “Comme des variantes”, explique l’ARS, qui ne cache pas leur origine : les pratiques agricoles. Des pratiques agricoles qui diffèrent d’une région de France à l’autre, d’un département à l’autre. “Dans le nord du pays, ce sera la betterave par exemple, ici la vigne par exemple”, confirme l’Agence d’Occitanie.

Quels risques pour la santé ?

L’Organisation régionale de santé précise que « 280 molécules et métabolites de pesticides sont recherchés dans les bilans de santé » et que, du fait de la « très grande variété de métabolites », il est difficile de fixer des seuils. “Nous appliquons les directives de la direction générale de la santé qui s’adaptent en permanence aux évolutions scientifiques (la dernière liste des molécules a été publiée en juillet – ndlr) et multiplions les contrôles sanitaires”, insiste l’Agence d’Occitanie qui peut, si nécessaire, Demander à un opérateur de “couper” l’alimentation en eau potable d’une zone. « après arrêté préfectoral ou communal ». En revanche, l’ARS ne fournit aucun argument scientifique pour pointer ou non un risque sanitaire lié à ces métabolites. Mais pour la montpelliéraine Julie Mendret, docteure en génie des procédés environnementaux, interrogée par Midi Libre, “la concentration de ces résidus dans l’eau du robinet est sans commune mesure avec les niveaux que l’on retrouve directement dans les aliments non transformés bios”. La liste des pesticides recherchés est consultable ici La liste des résultats de contrôle en Occitanie ici Enquêtes en cours dans deux villages de l’Aude Le Service régional de santé d’Occitanie a indiqué hier soir avoir lancé des enquêtes autour de deux villages de l’Aude cités lors de l’émission Complément d’Enquête de France 2, diffusée jeudi soir. Il s’agit du hameau de Creuille, qui dépend de la commune de Termes. et le hameau de Fraissinède du Val-de-Dagne. « Les services de l’ARS se mobilisent pour accompagner les élus concernés à mettre en œuvre des solutions aux non-conformités constatées, précise l’Agence. Ces investigations en cours feront l’objet de futures mises à jour.